Histoire et architecture

Eglise Saint-Vénérand

Glossaire

La Renaissance : grande période de rénovation culturelle dans l’Europe des XVe et XVIe siècles, dans les domaines des idées, littérature, arts et sciences, et aussi dans ceux de l’économie et du social.

Reliques : Fragment du corps d’un saint (ou objet associé à la vie du Christ ou d’un saint) auquel on rend un culte.

Guy XIV de Laval, ou François de Laval-Montfort (1406 – 1486) est baron puis comte de Laval. Il accrut considérablement le prestige et la renommée des Laval, par son combat auprès de Jeanne d’Arc, son mariage avec une fille du duc de Bretagne, sa qualité d’intermédiaire entre le duc de Bretagne et le roi de France et sa proximité avec l’entourage du souverain.

Transept : Nef transversale qui coupe la nef principale d’une église formant une croix : La croisée du transept.

Style gothique flamboyant : Le style flamboyant est la troisième période du style gothique ou ogival. C’est Auguste Le Prévôt qui a donné cette dénomination à ce style dont les nervures ondoient et serpentent comme des flammes. Cette nouvelle forme dans l’architecture et les arts décoratifs apparaît au XVe siècle. Les fenestrages, les arcatures, les roses, les dais découpés, les clochetons aigus se multiplient dans la sculpture du bois et dans la ciselure du métal. L’abondance des choux frisés, des chardons et des houx dans la décoration lui a donné également le nom de style ogival fleuri.

Arc en plein cintre : Contraire de l’arc brisé (époque gothique), arc semi circulaire, sans brisure spécifique de l’époque romane. L’arc plein cintre est fréquemment réutilisé à partir de la Renaissance.

Intrados : Partie intérieure et concave d’un arc, d’une voûte.

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Histoire et architecture

Christèle de Limerville, Radio-Fidélité Mayenne, interroge Amélie de Sercez-Granger.

Christelle de Limerville : Avant d’aborder la visite de l’église Saint-Vénérand de Laval, écoutons Amélie de Sercez-Granger du Service Patrimoine de la ville de Laval, nous conter l’histoire et l’architecture de ce bijou de l’art renaissance :

Cette église qui est le symbole de la Renaissance à Laval est à mettre en lien avec une période de prospérité économique qui engendre aussi un essor démographique pour la ville de Laval et cet essor est tout particulièrement visible dans le faubourg du Pont-de-Mayenne. C’est effectivement un faubourg en pleine expansion grâce, notamment, au développement du commerce de la toile de lin ; donc c’est un faubourg qui est très riche avec de nombreux marchands de toile qui sont installés ; à tel point que les habitants vont réclamer rapidement au comte de Laval d’avoir leur propre église paroissiale pour ne plus avoir à se rendre à St Melaine. Car les habitants du faubourg n’avaient pas le droit de se rendre à la Trinité, ils devaient se rendre à St Melaine qui était distante de 3 km de ce faubourg.

Ils vont donc faire appel au comte de Laval et ce dernier va faire don à ces futurs paroissiens des reliques de saint Vénérand qui, auparavent, étaient conservées dans l’église d’Acquigny, dans l’Eure. La première pierre de cette église va être posée le lundi 16 mai 1485, à 8 heures du matin, par le comte Guy XIV de Laval. Les travaux vont s’étaler sur à peu près 80 ans.

En 1500, la flèche du clocher, cette flèche très fine qui surmonte la croisée du transept va être élevée par le charpentier Jean Bodin, puis, en 1522, c’est la partie basse du portail qui va être achevée, une partie basse qui est encore dans le style gothique flamboyant, on ne rentre pas encore dans le style de la Renaissance, ce qui sera le cas, par contre, pour la partie supérieure du portail où là on a une référence à l’architecture antique, il ne faut pas oublier que la Renaissance, c’est un retour à l’antiquité ; donc, on va avoir un arc en plein cintre, avec un intrados qui est sculpté avec un décor floral qui est extrêmement important et cet intrados est surmonté par un fronton triangulaire que l’on retrouve notamment au niveau des temples antiques.

Donc une architecture qui fait référence à cette antiquité et une architecture que l’on va retrouver, aussi, au niveau de la voute du chœur qui est une voute à caissons sculptés, tout comme l’intrados de l’arc, et donc un décor qui rappelle le portail, un chœur qui va être achevé en 1565, parce qu’on s’est très vite rendu compte que cette église était trop petite et qu’il fallait l’agrandir. Donc, on l’a agrandie, notamment en mordant sur le cimetière.

Merci, Amélie de Sercez-Granger. Et pour quelques anecdotes complémentaires, cliquez sur le 2e module, intitulé « Pour en savoir plus »

 

Histoire et architecture, en savoir plus

Pour l’anecdote, la construction de ce cimetière que nous avons évoquée précédemment a été rocambolesque : Nous sommes en 1499, et un bourgeois de ce faubourg, Colas Hutin, se propose d’acheter les terrains nécessaires à l’aménagement du cimetière. Ces terrains, jointifs de l’église, appartenaient à une certaine veuve Heumont qui refusa de les vendre car « c’est un déshonneur de se séparer des terres offertes et héritées de ses ancêtres. » Alors, on va essayer de faire pression sur cette veuve ; même l’évêque du Mans et le comte de Laval vont s’y mettre. Les paroissiens, de leur côté, vont organiser des veillées de prière sous ses fenêtres avec tous les notables du faubourg.

Il faut imaginer la scène : nous avons un pâle soleil d’hiver qui éclaire le jardin et ses arbres dépouillés de toutes leurs feuilles, cette foule respectueuse, mais animée, progresse en procession avec les marchands, puis les membres du clergé puis le comte de Laval. Et, recroquevillée dans un coin, la veuve (et ses enfants) persistent dans son refus mais une hésitation commence à poindre. Au bout de plusieurs heures, Guy XV demande d’aller chercher dans l’église les reliques de saint Vénérand qu’il avait données pour cette paroisse.

Donc, on apporte les reliques dans le jardin avec force torches et cierges allumés tout autour, le peuple se met à genoux, commence à réciter des prières, à évoquer l’Esprit-Saint pour qu’il inspire la veuve et ses enfants. La veuve commence à céder, l’acte de vente est passé devant un certain Guillaume Le Doyen, notaire de son état, mais, surtout, historien de ce faubourg qui a laissé son nom à la place qui a, désormais, remplacé ce cimetière depuis la Révolution française.